L’année 2015 a débuté par une série d’événements qui ont failli me faire baisser les bras !
Ayant été informés de l’abandon du projet qui prévoyait la réhabilitation d’une partie de la Ferme du Vieux Pays d’Aulnay-sous-Bois pour y installer notre structure, deux importants mécènes nous font part à quelques jours d’intervalle de la cessation de leur soutien. Dans le même temps, le théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, où le CREA est né il y a bientôt trente ans, nous informe qu’il n’aura dorénavant plus la possibilité de nous offrir les mêmes conditions d’accueil : réduction du temps de montage de notre création annuelle, plus de coproduction, plus de mise à disposition du plateau pour l’organisation de nos week-ends de stages mensuels… Toujours dans le même temps, notre régisseur nous annonce son départ en province, sans que nous sachions si son poste sera remplacé. Et pour finir, ironie du sort, le pavillon qui abrite nos locaux administratifs se fissure au point de menacer de s’effondrer…
Dans ce contexte apocalyptique, un arc en ciel est apparu le 11 février dernier. Dans le bureau de Madame Maroun, 1ère adjointe au Maire d’Aulnay-sous-Bois, en présence du cabinet de Monsieur le Maire, nous a été affirmé, en réponse à notre questionnement sur l’avenir du CRÉA, le soutien indéfectible de Monsieur Beschizza. Reconnaissance de la qualité des actions sur le terrain, du maillage inter population sur la ville, de l’image positive diffusée sur la France à travers les créations…
Ainsi donc :
– de nouveaux locaux administratifs vont être mis à disposition permettant le regroupement de l’équipe administrative et pédagogique, jusque-là hébergées dans des lieux différents.
– le Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay, en tant que partenaire fondateur, reste notre lieu d’implantation artistique sans aucune diminution de quelque ordre que ce soit.
En cette période de coupe budgétaire importante, le choix a été affirmé de consolider plutôt que sacrifier 28 années de travail et de résultats incontestables. Nous pouvons donc enfin, nous recentrer sur tous nos projets artistiques et ce rayon de soleil a réchauffé toute l’équipe pour donner à 2015 une image forte et exemplaire d’une ville qui mise sur l’Éducation comme base fondamentale de réussite citoyenne.
Pour finir, l’ÉDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE revient sur le devant de la scène, bonne nouvelle !
Celle-ci a récemment fait l’objet de plusieurs dispositions importantes, elle a même été invitée en février dernier en conseil des ministres. Malheureusement la dernière feuille de route présentée par les ministères de l’éducation et de la culture n’annonce guère de moyens nouveaux… Éducation aux médias, journée des Arts et de la Culture, des chorales et des orchestres annoncés comme une révolution. Mais, faute de moyens, on imagine que la mise en œuvre de ces dispositifs reposera principalement sur les collectivités territoriales déjà asphyxiées budgétairement par les nombreuses baisses de dotations !
Depuis trente ans, l’accès à la culture, l’éducation artistique et culturelle ont été élevés – du moins dans les nombreux discours – au rang de cause majeure des politiques publiques. Mais, dans les faits et dans un contexte de recherche d’économie et/ou sur des bases idéologiques et politiques, la Culture devient malheureusement le parent pauvre en témoignent les festivals annulés, les structures culturelles en grande difficultés (centres nationaux, scènes conventionnées, associations, désengagement de l’État dans le financement des conservatoires régionaux et nationaux menacés pour certains de disparaître !).
Au CRÉA, depuis presque 30 ans, je mène un véritable combat sur tous les fronts et, malgré une reconnaissance nationale incontestable, nous ne sommes pas non plus épargnés par des coupes budgétaires et des décisions politiques contradictoires. Mais, mes convictions et mes engagements pour une éducation artistique populaire de haut niveau sont toujours intacts et encore plus affirmés après les événements tragiques de début janvier.
Didier Grojsman,
directeur et fondateur du CRÉA